Docteur Eugene Ricklin,

D'r Sundgauer Leeb !

 
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Ricklin victime de manœuvres déloyales

 

Avril 1928 : La répression du mouvement autonomiste, qui orchestre le débat politique en Alsace depuis plusieurs années, fait rage. Ses journaux sont interdits et ses leaders persécutés.

Emprisonné dans l’attente de l’ouverture du « Procès de Colmar », qui sera d’ailleurs un fiasco judiciaire, le Dr Ricklin décide néanmoins de se porter candidat aux élections législatives à Altkirch. Ses camarades Heimatrechtler du Sundgau, sous la conduite de son vieil ami Joseph Demesse[1], cheminot révoqué originaire du Bitscherland, feront campagne pour lui. Une campagne extrêmement dure pour les autonomistes qui ne disposent pas des réseaux de pouvoir et des énormes moyens des « nationaux ».

Mais, très aimé des Sundgauviens, le dimanche 22 avril Ricklin gagne haut la main le premier tour. C’est la consternation dans le camp des « patriotes » qui décident alors d’utiliser tous les moyens pour empêcher son élection… même les plus infâmes.

La campagne pour le 2e tour redouble donc en intensité. L’ambiance dans toute la circonscription est électrique. Des échauffourées, organisées par les « nationaux », ont lieu lors des meetings des autonomistes qui se voient refuser des salles pour tenir leurs réunions.

 

Des affiches calomnieuses pour tromper les électeurs

Le samedi 28 avril au soir, veille du 2e tour, de grosses limousines d’industriels mulhousiens sillonnent la circonscription en placardant partout des affiches bordées de noir-blanc-rouge (couleurs de l’Empire allemand jusqu’en 1918) portant la signature falsifiée du Dr Ricklin sous un appel se terminant par ces mots : « Was deutsch war muss deutsch bleiben - In wenigen Jahren werden uns unsere deutschen Bruder befreien - Hoch unsere deutsche Heimat ». Un faux éhonté destiné à conforter les accusations de germanophilie et d’irrédentisme portées régulièrement contre Ricklin et les autonomistes par les « nationaux » et la propagande française. On découvrira d’ailleurs ensuite que cette affiche avait été imprimée à Marseille !

Une affiche pour le moins calomnieuse !

Entre minuit et 1h00 du matin, des amis de Ricklin découvrent l'affiche sur les murs et en informent son équipe de campagne qui se met immédiatement à la recherche des coupables. Rapidement, à Hindlingen, ils surprennent une équipe de colleurs en train de coller des affiches sur l'église. Une course-poursuite s'engage alors. Durant leur fuite, les colleurs jettent colle, pinceaux et affiches par la fenêtre de leur véhicule qui, n’ayant pu faire demi-tour sur la route principale, file à présent à toute vitesse sur le chemin de Friesen à Lepuix sur le territoire de Belfort. Mais, désorientés sur ce chemin rural, les 4 occupants seront rattrapés par leurs poursuivants qui les forceront à s’arrêter. Nous sommes alors le jour du scrutin !

 

Retour sur Hagenbach

Encadrée par deux voitures de Heimatrechtler, la limousine des colleurs, avec 3 des hommes de main, dont le chauffeur laissé au volant mais sous la surveillance d'un fidèle du Dr Ricklin assis à côté de lui, est ainsi reconduite sous bonne escorte en direction de Hagenbach afin d’y dresser un constat. Mais, peu avant Hagenbach, le chauffeur accélère soudainement pour tenter de s'échapper. Une violente bagarre s'engage alors à l'intérieur du véhicule entre le chauffeur et l’ami du Dr Ricklin, que les passagers à l’arrière tentent de l’assommer avec une barre métallique pour lui faire perde conscience. Mais à la sortie de Hagenbach, sur la route conduisant vers Balschwiller, le chauffeur finit par perdre le contrôle de sa limousine. Celle-ci fera une embardée dans le ruisseau de 2 mètres après avoir arraché le parapet métallique et deux grosses pierres de protection. Un des occupants réussira néanmoins à s'enfuir. Mais ses deux acolytes restés aux mains des Heimatrechtler reconnaîtront leur méfait dans un protocole qu'ils signeront de même que plusieurs témoins.

La limousine accidentée 

On apprendra ensuite que les commanditaires de cette manœuvre déloyale n'étaient autres que des responsables de l'Action française, des Jeunesse Patriotes et du Parti Démocrate de Mulhouse dont les accointances avec la police politique française, la « police spéciale »,  étaient connues.

Informée de l’affaire, la gendarmerie de Dannemarie répondra qu’elle avait rédigé peu avant un rapport précisant que « des Allemands dans des automobiles faisaient de la propagande anti-française en Alsace » ! Par la suite, tant les commanditaires de cette action que leurs hommes de main restèrent totalement impunis.

 

Ricklin, seul contre tous, isolé dans sa cellule, sans moyens et livré aux pires manœuvres diffamatoires à l’extérieur, fut néanmoins élu triomphalement avec 7741 voix sur 12326. Joseph Rossé, son ami emprisonné comme lui, l’emportera à Colmar.

L’énorme succès des autonomistes ne fera qu’attiser toujours plus l’antibochisme des « patriotes » qui prendra parfois des allures hystériformes.

Un tract hystérique !

Ces derniers, de connivence avec la police politique, reprendront de plus belle leurs campagnes de diffamations (voir ci-dessus l’affiche Herbelin qui appelle les Alsaciens à s’emparer de Ricklin et de Rossé et « ficeler ces COCHONS DE BOCHES » pour les reconduire, « à leur place », en Allemagne).

 

6.8.2011 - Bernard Wittmann

 

(Source : Marcel Sturmel, Dr. E. Ricklin, Alsatia Verlag Colmar, 1932)



[1] Signataire du Heimatbund (5.6.1926) alors qu’il était cheminot à Metz, il fut durement sanctionné pour avoir donné sa signature et démis de ses fonctions par le gouvernement.